we could be heroes, we could be villains ◆ ft. Sasha Braus

Amarok hurlait, grondait... Le Titan était de sortie et le cri qui provenait de ses mâchoires immenses, faisait frissonner de peur tous les êtres aux alentours. Sous les griffes de la bête de quatre mètres de haut, un être humain. Pas n'importe lequel : un héros qu'Amarok - ou Monika - avait appris être un sale connard. Il profitait de sa réputation pour harceler sexuellement ses fans, ne leur laissant pas le choix que d'avoir des relations avec lui. Ce genre de faits était vite relatés mais, malheureusement, on trouvait que les victimes n'étaient que des femmes qui avaient eu un coup d'un soir et, le coeur brisé après avoir été rejetées, elles avaient inventé cette histoire. Monika avait entendu ces histoires, en réparant des véhicules, et, le coeur alourdi et la rage au ventre, elle avait pris son costume pour faire régner un peu l'ordre en ces lieux.

Les griffes s'enlevaient du corps et, avant que les forces héroïques - ou vilaines - n'arrivent, le Titan Mâchoire se mettait en route, galopant sur les routes en faisant attention : son but n'était pas de faire du mal à la population mais de la protéger des faux-héros. De ces hommes et femmes sous de fausses capes. Se prétendant là pour le bien du peuple mais qui profitait sans aucune honte des avantages offerts par leur condition... Ce n'était qu'en s'enfuyant dans une rue moins fréquentée que le Titan disparaissait dans un écran de fumée extrêmement chaud et que, de là, en sortait une silhouette sombre, le casque s'ouvrant pour couvrir sa tête après que les peaux se soient arrachées de ses joues. Joues encore marquées par cette transformation si récente et plus longue qu'elle ne l'avait prévue. Elle s'était attendu à de la résistance mais pas à autant...

Amarok allait s'enfuir pour laisser tomber sa tenue de sauveuse pour redevenir la simple civile quand elle vit cette personne qui retombait face à elle. Cet arc tendu et donc la flèche était un peu trop proche de son casque. Derrière le noir immaculé, la blonde fronçait les sourcils : les héros - les vilains - avaient été plus vite qu'elle ne l'avait calculé... Comme quoi cette journée n'était composée que de faits imprévus et imprévisibles...

"Hors de mon chemin. ordonnait la voix modifiée par les haut-parleurs du casque. Ton costume ne me dit rien, tu n'es donc pas sur la liste de mes proies... Mais si tu continues de me menacer de la sorte... Je n'hésiterai pas."

Elle était prête : une blessure et elle redeviendrait ce Titan. Cela l'épuiserait, comme à chaque fois qu'elle utilisait un peu trop ses transformations mais ce n'était pas grave. Elle était prête à assumer les conséquences d'une sur-utilisation de ce pouvoir offert par la bonté de la Nature.

Le Titan avait trop souvent goûté au sang depuis sa carrière d'Outsider. Depuis trop longtemps, Amarok avait pris le pas de tuer sans sourciller. Prendre une vie n'était plus rien à ses yeux. Tant que cela avait une raison. Tant que cela était justifié. Si le héros était un violeur ? La mort. Un assassin ? La mort. De même pour les vilains mais eux, au moins, ils assumaient ce qu'ils étaient. Alors que les héros ? Ils n'étaient que des hypocrites en collant, roucoulant devant les projecteurs et crachant sur la foule comme s'ils n'étaient que de la merde.

La blonde se cachait derrière ce casque noir, elle jugeait de son regard de glace la personne face à elle et eut même le culot de rire lorsqu'elle lui parlait de remettre aux autorités. L'Outsider souriait en coin derrière ce masque la rendant inconnue à cette héroïne du dimanche... Ah, sérieusement ? Qu'ils étaient idiots. Et le pire ? Ils y croyaient vraiment à leurs idéaux complètement fous. Ceux de l'héroïsme, de la chevalerie et toutes ces foutaises sorties des contes pour enfants... Sauf qu'ici, dans la vie, les méchants, ils étaient partout. Il n'y avait pas un seul gentil.

"Remettre aux autorités ? Un héros populaire ? Tu viens sortir de ton glaçon ou quoi ? - la tête se penchait, les poings se craquant entre eux - Jamais ils ne l'auraient puni. Ils lui auraient fait une petite tape sur les doigts pour la forme puis ils auraient fermé les yeux, c'est tout."

Puis un autre rire :

"Je ne suis pas une héroïne, ma grande. Mais tu dois le savoir, tu es là pour la prime ? - Amarok faisait un pas en arrière, prête à se blesser, à se transformer - Si tu ne tentes pas de me tuer, je ne te ferai rien. Si tu m'attaques, par contre, je n'hésiterai pas. Alors, si j'étais toi, je baisserai mon arc et je me laisserai passer."

Elle prenait aussitôt une position offensive, les bras levés, les avant-bras face à son visage et sa jambe non-dominante, légèrement en arrière. Une position de combat naturelle pour elle. Innée. Qu'elle avait appris seule, en autodidacte.

"Alors ? Que choisis-tu ?"